Explication linéaire : Le renoncement à l’amour

Introduction :

« Ah ! Madame » s’exclame avec douleur Monsieur de Nemours au début de cet extrait, issu du roman « La Princesse de Clèves » écrit par Mme de Lafayette en 1678. A cette époque, Louis XIV est au pouvoir et vit avec toute une « cour » de nobles à ses côtés. L’esthétique est à la fois classique et précieuse, c’est-à-dire que l’on va mêler des normes strictes d’écriture au langage raffiné et recherché. L’idéal féminin est la femme vertueuse et soumise à son mari, ce qu’incarne parfaitement Mme de Clèves. Dans ce roman, Mme de Clèves est mariée avec Monsieur de Clèves. Cependant, elle entretient une infidélité sentimentale pour Monsieur de Nemours. Malheureusement, Monsieur de Clèves va découvrir cet adultère et en mourir de chagrin. Madame de Clèves, coupable, va annoncer à son amant qu’elle renonce à leur amour, par respect de leur défunt mari. Monsieur de Nemours est ou de douleur à l’idée de ne plus voir sa bien-aimée. Néanmoins, cette confrontation sera la dernière entre les deux personnages. Comment cet extrait montre-t-il à la fois la passion tragique qu’éprouve Mme de Clèves pour M de Nemours mais également sa fidélité envers son défunt mari, M. de Clèves ? Nous nous intéresserons tout d’abord aux passions impossibles de Mme de Clèves et Monsieur de Nemours l’un pour l’autre puis dans un second temps, nous étudierons le respect et la fidélité que voue Mme de Clèves à son défunt mari.


1/ La passion impossible de Mme de Clèves pour M. de Nemours (lignes 1079 à 1104)

- Champ lexical de la contrainte « garder le silence », « injustice », « imposez » (lignes 1079 à 1082)
- Utilisation de la négation pour montrer l’impossibilité de l’amour « ne saurais » (ligne 1079), « rien » (ligne 1084)
- Utilisation du conditionnel plutôt que du futur qui montre que les deux personnages ne se projettent pas dans l’avenir « auriez », « verrais » (lignes 1089/1090)
- Mme de Clèves reconnait la passion de M. de Clèves pour elle et sa passion pour lui « succès heureux », « passions », « bonheur » mais tous ces mots sont accompagnés soit par une négation « je ne ferais plus votre bonheur », ou des tournures passées « vous avez déjà eu plusieurs passions ».
- Elle utilise ensuite une hyperbole pour montrer la souffrance qu’elle aura quand elle verra son amant avec d’autres femmes « douleur mortelle »
- Elle parle également du sentiment de « jalousie » qui l’envahirais, contraire aux normes de la femme vertueuse.  
- Evocation des évènements passés avec son premier sentiment de jalousie « lettre de Mme de Thémines ».
- Elle qualifie la jalousie du « plus grand de tous les maux » car elle a ressenti un sentiment extrêmement fort à l’annonce de la lettre perdue.
- Elle montre à Monsieur de Clèves qu’il n’aura aucun mal à retrouver une bien-aimée « souhaitent de vous attacher », « peu à qui vous ne plaisiez »
- Utilisation de la négation régulière pour ne pas être trop directe dans ses propos. Elle sait que ses paroles pourront être lourdes de conséquences. Elle prend donc comme des précautions « vous ne plaisiez », « je ne me tromperais pas souvent »
- Elle parle également de « souffrance » et de « plaindre » comme si leur séparation était insupportable mais nécessaire.


2/ Le respect et la fidélité qu’elle voue à son défunt mari : le symbole de la femme vertueuse (lignes 1104 à 113)

- Questions rhétoriques montrant que Mme de Clèves est toute chamboulée par le renoncement à l’amour de son amant et qu’elle est rongée par la culpabilité (lignes 1104 à 1110)
- Elle rapproche le mot « reproches » du mot « amant » qui montre bien qu’elle tient M de Nemours comme responsable de la mort de de son mari.
- Elle est rongée par la culpabilité de leur adultère et pense qu’elle ne pourra pas vivre pleinement son amour avec M de Nemours car ils auront la mort de M de Clèves sur la conscience.
- Elle est à présent rongée par les remords et n’arrive pas à se projeter. Elle ne fait que des suppositions sur le sombre futur qui les attend « « pourrais-je m’accoutumer ? »
- Elle n’arrive plus à démêler ses sentiments et cherche à savoir si elle éprouve réellement. Elle va même jusqu’à douter de son amour pour son amant et de la « différence de son attachement au vôtre »
- « Impossible » marque la fin des suppositions de Mme de Clèves qui décide, par ce mot, une rupture des contacts entre elle et Monsieur de Nemours.
- Elle clôt son élocution par un retour à la vertu où elle décider de « demeurer dans l’état où elle est » et de garder à l’esprit sa ligne de bonne conduite. Cela signifie donc qu’elle renonce totalement à sa relation avec Monsieur de Nemours par respect pour son défunt mari, Monsieur de Clèves.


Conclusion :

Cet extrait nous montre donc bien l’opposition entre la passion et la raison qui tiraille notre personnage éponyme. Après avoir relaté ces sentiments pour Monsieur de Nemours, et s’être forcée à les réprimer, elle décide de choisir une ligne de vie vertueuse en souhaitant à Monsieur de Nemours d’être heureux avec une autre femme, même si cela lui administrera un sentiment de jalousie intense. Pour l’heure, Mme de Clèves veut se concentrer sur son deuil et se comporter en femme digne et modèle, comme elle a été élevée. On voit donc ici une période de rupture et de renoncement à l’amour que lui proposait Monsieur de Nemours.

Un très bon travail Anna ! La problématique est valide ainsi que le mouvement. C'est très complet ! Il manquerait éventuellement une ouverture à la fin de ta conclusion mais sinon l'explication linéaire est complète et très bien menée.