BOULE DE SUIF

1) Boule de Suif a été écrit par Maupassant en 1879. L’histoire raconte le voyage de 10 personnes, de milieux sociaux différents, dans une même diligence. Tous ont un but commun : fuir les Prussiens qui ont envahi la France. On comprend que dans ce livre, les comportements humains vont être mis à rude épreuve et les faiblesses de chacun vont être révélées au grand jour.
Maupassant choisit de raconter son histoire avec un point de vue omniscient. On a donc une vue imprenable sur les évènements passés et sur les sentiments de chacun des personnages. Ce point de vue est très utile à l’auteur car il lui permet de voir à quel point l’espèce humaine est versatile. On voit très bien l’avancée de chaque évènement ainsi que le comportement des personnages. On remarque que, dès que les personnages sont mis en difficultés, tous se retournent vers Boule de Suif. En effet, au début de la nouvelle, aucun personnage n’a de quoi manger, sauf Boule de Suif. Chacun va être sympathique à son égard afin de pouvoir manger. Boule de Suif, n’étant pas méchante, partage généreusement. Jusqu’ici, on peut dire que les personnages s’entraident et font abstraction de la classe sociale de chacun. Mais dans la suite de l’histoire, on comprend que les autres voyageurs sont opportunistes. Ils ne pensent qu’à leur bonheur propre. Ils vont même jusqu’à inciter Boule de Suif à avoir un rapport sexuel avec un officier prussien afin d’atteindre leur but. On remarque, à travers le point de vue omniscient, que les personnages ne disent que très peu souvent ce qu’ils pensent réellement. Le récit est certes à la troisième personne, mais le narrateur sait tout de ses personnages. Ce mélange entre un point de vue extérieur et le point de vue intérieur est intéressant car il montre l’hypocrisie des hommes et leur individualisme.

La date de l’évènement va également nous conforter dans l’idée que Maupassant nous fait un récit de la nature humaine telle qu’il l’a perçue. La nouvelle est publiée en 1879, c’est-à-dire 9 ans après les évènements relatés dans l’histoire. L’auteur a vécu la guerre franco-prussienne de 1870, on comprend donc que sa dénonciation est basée sur des faits réels. Le cadre spatio-temporel est propice à une étude comportementale humaine tel que Boule de Suif. En effet, nous sommes en temps de guerre, c’est-à-dire dans une situation sociale déplorable. Les sentiments humains vont être poussé à leur paroxysme et la retenue sera plus que jamais bannie. Les personnages sont fatigués et impuissants face à cette situation. Ils auront forcément des comportements plus extrêmes qu’en temps normal. Mais Maupassant a voulu pousser plus loin en enfermant les personnages la plupart du temps dans une diligence. Cet espace en huis-clos va ainsi dévoiler la vérité sur le comportement des personnages ainsi que leurs faiblesses. Même quand ils seront à l’auberge, les personnages seront ensemble ce qui provoque, obligatoirement, des conflits ou encore des mésententes.
Enfin, la situation narrative est relativement classique. On pourrait penser à une structure de conte car elle suit exactement la même logique. Nous avons tout d’abord la situation initiale, où on nous présente le contexte de guerre, les personnages ainsi que le début de leur périple. Nous voyons Boule de Suif partager ses provisions avec bonté, sans se douter de l’hypocrisie de ses congénères. L’élément déclencheur est la rencontre avec l’officier qui pose un ultimatum aux voyageurs, soit Boule de Suif couche avec lui et ils peuvent repartir sain et sauf, soit ils restent cloitrés dans l’auberge. Le nœud regroupe tout le moment où Boule de Suif est incitée de toute part à faire cet acte pour lequel elle n’est pas consentante. Elle finit par céder, voyant le bien-être de sa communauté avant le sien. La situation finale clôt la nouvelle avec le fait que Boule de Suif n’a pas de provision, car, par manque de temps elle n’a pas pu en prendre. Elle découvre l’égoïsme de ses compagnons qui ne lui passent rien à manger durant tout le trajet. La nouvelle se termine sur une image où Boule de Suif pleure, malheureuse et abandonnée. On comprend ici que l’auteur veut montrer sa révolte contre l’espèce humaine car il va reprendre une structure narrative, habituellement réservée aux contes, pour montrer la puérilité de l’espèce humaine. La nouvelle se termine mal et on comprend qu’il veut nous montrer que ce que l’on dit dans les contes est faux à cause de l’espèce humaine. Etant donné, que chacun n’a pensé qu’à lui, on ne peut pas se retrouver dans une fin heureuse car les personnages sont humains et relativement égoïstes.

On voit ici que la dénonciation de l’espèce humaine est effective notamment à travers le contenu de l’histoire mais aussi grâce au point de vue utilisé, au cadre spatio-temporel et également à la situation narrative. La tournure de chacun de ces éléments nous incite à croire que l’auteur dénonce la versatilité et l’individualisme de l’espèce humaine.

2) Selon moi, cette œuvre eut être reliée au parcours « Individus, Morale et Société » car elle est une satire de l’espèce humaine. Grâce au cadre en huis-clos, les sentiments humains sont à leur paroxysme, ce qui renforce l’idée que rien ne pourra être caché. Le terme de morale, ici, est dénué de sens, car les personnages sont en situation de survie. Malgré les valeurs et les normes inculquées par la société, les personnages vont chacun se comporter de manière naturelle et sans filtre. De même que la vie en société est ici aussi insensée car une société fonctionne ensemble. Or, ici, nous avons à faire à l’individualisme le plus complet.
Cette nouvelle est enfin un parfait contraste avec la « Princesse de Clèves » puisque dans ce livre, les personnages sont sur la retenue, n’osent pas se dire les choses et préfèrent cacher leurs sentiments. Ici, la volonté de l’auteur a été de dénoncer ce mode de penser car selon lui, les romans tel que « La Princesse de Clèves » ne font pas une peinture exacte de ce qu’est l’humain. Les personnages montrent ici, leurs faiblesses et leurs défauts et ne cherchent pas à les cacher. Nous avons donc ici une critique des « Individus, de la Morale et de la Société »