Analyse de l’extrait : The Duchess

Lien vers la vidéo choisie : https://www.youtube.com/watch?v=BZEnpG_WepU


Description des faits :
Dans cet extrait, on voit la duchesse Georgiana du Devonshire, descendante de Lady Diana, et personnage central de l’intrigue du film, s’amuser dans le jardin du château avec d’autres dames et damoiseaux de la cour. Elles jouent à un jeu consistant à tirer au sort un garçon qu’elles vont soutenir durant une course se déroulant entre hommes. La duchesse soutient Monsieur Charles Grey, qui va devenir son amant par la suite de l’histoire. Cependant, à ce moment précis de l’histoire, c’est-à-dire en 1774, Monsieur Charles Grey et la duchesse Georgiana n’entretienne pas de relation ambiguë. On voit ensuite dans la suite de l’extrait, que son mari, William Cavendish, l’observe de la fenêtre de son château. Il est en compagnie plusieurs personnes, notamment Lady Spencer, la mère de la duchesse ainsi qu’un homme, sûrement conseiller politique ou un domestique. Il l’observe avec sévérité ce qui amène Lady Spencer à le questionner sur la satisfaction qu’il retire du mari avec sa fille. Elle va ensuite vanter toutes les qualités de sa fille afin de montrer la vertu de sa chère protégée. C’est alors qu’intervient le conseiller de Monsieur Cavendish, qui apprend à Lady Spencer que le duc est entièrement satisfait du mariage, à l’exception du fait qu’il n’a pas d’héritier.


Analyse :
Nous sommes en 1774, c’est-à-dire bien après la publication de « La Princesse de Clèves » qui, elle, a eu lieu en 1678. Cependant, les caractéristiques précieuses et classiques présentes dans ce livre se retrouvent dans ce film.

L’apparence tient un rôle primordial dans le coup de foudre amoureux et la séduction comme nous le montre le moment où la duchesse discute avec Charles Grey. Malgré la situation conjugale de Georgiana, M Grey n’hésite pas à montrer son attirance pour la duchesse grâce à un jeu de regards. On voit bien que l’attirance entre les deux personnages est avant tout physique.

On remarque aussi que Lady Spencer est très préoccupée par le mariage de sa fille. Elle n’hésite pas à questionner son gendre afin qu’il puisse exprimer son avis sur cette union. Lorsqu’elle aperçoit le duc soucieux devant sa fille, elle n’hésite pas non plus à citer ses nombreuses qualités. Cependant, elle ne cite que des capacités notamment en langue, en équitation et en danse. Elle ne citera aucune qualité humaine mis à part le dévouement que sa fille aura à son mari (qui n’en est pas vraiment une à notre époque). Tout ce que Lady Spencer met en avant, c’est les qualités que doit avoir la femme vertueuse de l’époque. Elle ne parle pas de son libre arbitre ou de son intelligence qui ne sont pas des critères mis en avant à cette époque. La femme doit être fidèle et soumise à son mari et une quelconque forme d’indépendance féminine serait plutôt mal vu durant cette période.

Enfin, M Cavendish répond à Lady Spencer qu’elle n’a pas à s’en faire pour son honneur. Lady Spencer étant la mère de la duchesse, elle se doit de garder une image d’elle convenable, à travers sa fille. A l’époque, il était très important pour les familles de marier leurs enfants à des personnes nobles et de haut rang. L’apparence à un rôle important à la Cour mais le rang de noblesse en a un également. Lady Spencer s’inquiète donc de l’avis du duc sur son mariage avec sa fille car elle a peur pour sa réputation et son image à la Cour. Si son gendre n’était pas satisfait de son mariage, il pourrait raconter des rumeurs qui tâcherait l’image de la famille Spencer. Lady Spencer passerait donc pour une mauvaise mère qui n’a pas réussi à inculquer la vertu et toutes les qualités que doivent avoir les femmes « parfaites » à sa fille.

William Cavendish, lui, montre bien la jalousie et la colère qu’il ressent à la vue de la duchesse, en train de s’amuser dans un parc en compagnie d’autres hommes. Dans une scène, le réalisateur a choisi de flouter une partie du groupe de femmes pour ne laisser apparente que la duchesse. On voit bien que le duc ne lâche pas Georgiana du regard, quitte à être obsédé par elle. On apprend par la suite que ce n’est pas l’amour qui le pousse à agir comme ça mais bien la peur de ne pas avoir d’héritier. En effet, le fait de ne pas avoir d’héritier serait une honte pour le duc, qui ne pourrait pas assurer sa descendance. Un héritier pourrait récupérer ses fonctions de duc alors qu’une héritière non. Il se pourrait également que ce manque d’enfants nuise à l’image du duc à la Cour.

On voit donc, grâce à toutes ces idées, que la préciosité fait partie intégrante du film car la manière d’agir et de vivre des personnages est semblable à ceux de « La Princesse de Clèves ».      

On remarque cependant que la duchesse n’a pas l’air soucieuse ni pour son image, ni pour un possible héritier. Elle a l’air insouciante comme un enfant et passe son temps à jouer. La connotation moderne de ce film est due à ce personnage, qui, contrairement aux normes de l’époque, na pas le désir dévorant d’être mère et de remplir ses « devoirs de femme » à cette époque.

En somme, cet extrait nous montre bien les conditions de vies à la Cour comme dans « La Princesse de Clèves ». On remarque le rôle surplombant de l’apparence et du rang social sous toute ses formes. Cependant, la duchesse Georgiana ne semble pas décider à se plier aux normes que son rang lui impose et compte bien briser ces cases dans lesquelles ils sont chacun enfermés.