L'incipit met en place le début de l'action du roman et notamment le cadre spatio-temporel et les personnages. Ainsi, narration et description s'y mêlent pour débuter l'action et informer le lecteur. En effet, la narration est au service de la description : la narration permet d'introduire les personnages dans le cadre spatio-temporel du moment et d'introduire leur description.
Ainsi, le premier paragraphe alterne entre narration et description, l'une permettant de poursuivre l'autre. Le narrateur décrit l'époque et le lieu  (« Au commencement du mois d’avril 1813, il y eut un dimanche dont la matinée promettait un de ces beaux jours où les Parisiens voient pour la première fois de l’année leurs pavés sans boue et leur ciel sans nuages. »). Puis la narration introduit le « cabriolet » dont on nous donne des éléments descriptifs (« à pompe attelé de deux chevaux fringants »), qui « déboucha », action narrative qui introduit le premier personnage : « Cette leste voiture était conduite par un homme en apparence soucieux et maladif ; des cheveux grisonnants couvraient à peine son crâne jaune et le faisaient vieux avant le temps ». L'alternance description/narration se perçoit par le passage de l'imparfait au passé simple : « faisaient vieux avant le temps », « il jeta les rênes au laquais » « et descendit pour prendre ». La narration introduit le nouveau personnage et introduit de nouveaux des éléments descriptifs sur ce personnage (« sa robe en reps vert ») : « La petite personne se laissa complaisamment saisir par la taille quand elle fut debout sur le bord de la voiture, et passa ses bras autour du cou de son guide, qui la posa sur le trottoir, sans avoir chiffonné la garniture de sa robe en reps vert. » La description se re-concentre sur le père, notamment pour mettre en avant sa relation avec sa fille : « Un amant n’aurait pas eu tant de soin. L’inconnu devait être le père de cette enfant », puis nouveau moment narratif pour faire avancer le récit et la description : les personnages commencent leur promenade :  « qui, sans le remercier, lui prit familièrement le bras et l’entraîna brusquement dans le jardin. Le vieux père remarqua les regards émerveillés de quelques jeunes gens, et la tristesse empreinte sur son visage s’effaça pour un moment. Quoiqu’il fût arrivé depuis longtemps à l’âge où les hommes doivent se contenter des trompeuses jouissances que donne la vanité, il se mit à sourire.
— On te croit ma femme, dit-il à l’oreille de la jeune personne en se redressant et marchant avec une lenteur qui la désespéra. » Ainsi, la narration permet d'accompagner la description : le récit n'avance pas énormément dans cet extrait : les deux personnages sont introduits par la voiture puis commencent à se promener. La description va allonger toute cette promenade : en effet, pendant que l'action de se promener se réalise dans le récit, le narrateur se concentre sur des moments descriptifs pour décrire les personnages et notamment pour dessiner le portrait de Julie.
C'est ainsi que le deuxième paragraphe est quasi-seulement de la description : « Il semblait avoir de la coquetterie pour sa fille, et jouissait peut-être plus qu’elle des œillades que les curieux lançaient sur ses petits pieds chaussés de brodequins en prunelle puce, sur une taille délicieuse dessinée par une robe à guimpe, et sur le cou frais qu’une collerette brodée ne cachait pas entièrement. Les mouvements de la marche relevaient par instants la robe de la jeune fille, et permettaient de voir, au-dessus des brodequins, la rondeur d’une jambe finement moulée par un bas de soie à jours. Aussi, plus d’un promeneur dépassa-t-il le couple pour admirer ou pour revoir la jeune figure autour de laquelle se jouaient quelques rouleaux de cheveux bruns, et dont la blancheur et l’incarnat étaient rehaussés autant par les reflets du satin rose qui doublait une élégante capote que par le désir et l’impatience qui pétillaient dans tous les traits de cette jolie personne. Une douce malice animait ses beaux yeux noirs, fendus en amande, surmontés de sourcils bien arqués, bordés de longs cils et qui nageaient dans un fluide pur. La vie et la jeunesse étalaient leurs trésors sur ce visage mutin et sur un buste, gracieux encore, malgré la ceinture alors placée sous le sein. Insensible aux hommages, la jeune fille regardait avec une espèce d’anxiété le château des Tuileries, sans doute le but de sa pétulante promenade. Il était midi moins un quart. Quelque matinale que fût cette heure, plusieurs femmes, qui toutes avaient voulu se montrer en toilette, revenaient du château, non sans retourner la tête d’un air boudeur, comme si elles se repentaient d’être venues trop tard pour jouir d’un spectacle désiré. Quelques mots échappés à la mauvaise humeur de ces belles promeneuses désappointées et saisis au vol par la jolie inconnue, l’avaient singulièrement inquiétée. Le vieillard épiait d’un œil plus curieux que moqueur les signes d’impatience et de crainte qui se jouaient sur le charmant visage de sa compagne, et l’observait peut-être avec trop de soin pour ne pas avoir quelque arrière-pensée paternelle. »

Comment différencier la narration de la description ? Quelles sont les caractéristiques de chacun ? La description se perçoit par l'emploi du présent ou de l'imparfait, à l'inverse de la narration qui est représentée par l'emploi du présent ou du passé simple. La description est souvent l'emploi de verbes d'états, alors que la narration est l'emploi de verbes d'actions, de mouvements (« la blancheur et l’incarnat étaient rehaussés  », « passa ses bras autour du cou de son guide, qui la posa sur le trottoir »). Dans une description, on retrouve énormément d'adjectifs qualificatifs, d'expansions du nom, des compléments du nom, des subordonnées relatives, tout cela permettant de décrire, de donner des informations sur l'objet décrit. La description, informant sur l'espace et le lieu, est aussi l'emploi d'indicateurs spatiaux, d'indicateurs temporels et de connecteurs logiques. En résumé : On distingue les moments où l'auteur raconte et où il décrit.

une part de représentation d'actions, d'événements : c'est la narration
une autre part de représentation d'objets, de personnages : c'est la description.

Description                                          //                                                  Narration

Une sorte d'arrêt sur image pour décrire, il y a un « être »       //  L'action se déroule, le récit avance, il y a un « agir », un « faire »

Présent, imparfait // Présent, passé simple

Verbes d'états, d'être, principalement // Verbes d'actions, de mouvements, de faire principalement

adjectifs qualificatifs, d'expansions du nom, des compléments du nom, des subordonnées relatives // Phrases complexes

Absence de chronologie (le temps de l'action s'arrête pour la description), indicateurs spatiaux (déplacement dans l'espace pour analyse l'espace dans lequel on s'arrête pour décrire)  // Mots de liaison spatio-temporel : déplacements à la fois dans l'espace et le temps : l'action avance.

La description physique et morale d'un personnage devient portrait : Balzac nous propose le portrait de Julie d'Aiglemont. La fonction de la description dans le récit peut être de deux grands types :
- fonction d'ordre décoratif ; cette conception  ornementale est ancienne, la description sert à faire beau dans le texte ; prédominance des stéréotypes, du superlatif. Ne pas lire une telle description ne touche que la dimension esthétique de la lecture.

- fonction d'ordre explicatif et symbolique ; la description tend alors à révéler, à justifier, expliquer la psychologie des personnages, elle en est le signe et la cause et l'effet. Le portrait de Julie met déjà en avant la problématique amoureuse, son rapport avec les hommes.

On peut distinguer la description objective (celle que l'on retrouve dans notre incipit) de la description subjective :

La description objective est une description d'objets, de choses ou de gens sans sentiments, sans jugements. Celui qui décrit est neutre : on ne sait pas ce qu'il pense de ce qu'il décrit, il n'y ni jugement ni sentiment (point de vue externe ou omniscient, noms propres, distanciation, on retrouve les adjectifs qualificatifs, d'expansions du nom, des compléments du nom, des subordonnées relatives mais une fois encore dans une totale objectivité, ainsi qu'organisation de l'espace selon différents plans, indicateurs spatiaux, mots-liens neutres et objectifs, emploi du présent atemporel ou de l'imparfait.) (« Camille était vêtue d'une robe »)

La description subjective adopte le point de vue d'un personnage ou d'un narrateur non objectif : on décrit l'objet, la chose, la personne avec un jugement ou un sentiment bien perceptible. La description traduit les sentiments du personnage dont on a le point de vue. (point de vue interne, phrases déclaratives, affirmatives, exclamatives, adverbes pour l'intensité/l'émotion, on retrouve les adjectifs qualificatifs, d'expansions du nom, des compléments du nom, des subordonnées relatives mais qui ont une valeur affective cette fois (« la petite Camille dans sa robe », adjectif affectif), organisation de l'espace selon différents plans, indicateurs spatiaux, mots-liens, modalisateurs (pour la certitude ou le doute), connecteurs, emploi du présent atemporel ou de l'imparfait, vocabulaire du sentiment, de l'émotion.) ( « La belle Camille était vêtue d'une robe magnifique et qui semblait si douce », « Camille portait une sorte de robe tellement mal repassée qu'elle ressemblait à un classeur ».)