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EL 3 : le renoncement à l'amour

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G. Legoff
Professeur de Français

G. Legoff




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MessageSujet: EL 3 : le renoncement à l'amour EL 3 : le renoncement à l'amour EmptyMer 18 Mar - 14:59

Explication linéaire La Princesse de Clèves, le renoncement à l'amour
« Ah ! Madame » à « de n'en sortir jamais. » (p.216, 1079 à 1113)

La princesse n'a jamais révéler ses sentiments au duc, et il n'ont jamais parlé explicitement de leur amour. Certes, il y a eu entre eux un langage symbolique amoureux (couleurs du tournoi de Monsieur de Nemours, vol du portrait, admiration de la princesse devant le portrait de Monsieur de Nemours) ou des scènes d'aveu indirectes (Monsieur de Nemours entendant Madame de Clèves avouant à son mari être amoureuse d'un homme de la Cour, le regard de Madame de Clèves quand Monsieur de Nemours se blesse au tournoi, la justification de Monsieur de Nemours concernant la lettre…). Cet extrait est donc le seul du roman où les deux amants peuvent se parler de leur amour en toute franchise. On remarque d'ailleurs la présence, assez rare dans le roman, du discours direct : toutes les paroles de personnages nous sont livrées. Mais cet amour, s'il devient envisageable suite à la mort de Mr de Clèves, reste un amour tragiquement impossible. Dans cette scène, la princesse donne au duc les raisons de son renoncement à l'amour, ses arguments pour ne jamais l'épouser. Pourtant libérée de son devoir, elle renonce à un mariage avec Mr de Nemours, le considérant comme étant à l'origine de la mort de son mari, mais aussi pour des raisons moins liées à sa vertu : la peur de n'être plus aimée, et de souffrir de la perte de l'homme qu'elle aime. (SITUATION DE L'EXTRAIT) (LECTURE) En quoi cette confrontation amoureuse permet-elle à la princesse de justifier son renoncement à l'amour ?(PROBLEMATIQUE) Nous verrons tout d'abord la passion désespérée du duc, puis nous verrons le rejet de la passion par la princesse de Clèves, retenue par le devoir du passé et la peur du futur. (MOUVEMENT)

I. La passion désespéré du duc (1079 à 1082)

Suite à une première longue réplique de la princesse qui a déjà exposé son refus au duc, on constate le désespoir de celui-ci à travers sa nouvelle prise de parole, particulièrement brève : Interjection pathétique « Ah ! » et apostrophe « Madame », qui témoignent de son désespoir. Il tente de légitimer son point de vue, en utilisant le vocabulaire de la justice « injustice » et en dénonçant ainsi la rigueur de celle qu'il aime, et qui ne veut pas croire à son amour. Cette rigueur excessive est exprimée par Mr de Nemours à l'aide de l'adverbe intensif « trop », utilisé à deux reprises. L'aspect intraitable de Madame de Clèves est visible à travers l'expression « le silence que vous m'imposez » : la structure de la phrase, présentant Madame de Clèves en tant que sujet et Mr de Nemours en tant que complément d'objet, reflète la rigueur du personnage éponyme. De même, la litote employée par le duc révèle les mauvaises dispositions de la princesse à son égard : « vous êtes éloignée d'être prévenue en ma faveur » (renforcé par l'adverbe intensif « combien »)

II. Le renoncement à l'amour : la peur de l'avenir (1083 à 1106)

Madame de Clèves réfléchit sur la passion : parallélisme « les passions peuvent me conduire, mais elles ne sauraient m'aveugler » qui symbolise le refus de perdre le contrôle. Elle donne du duc de Nemours l'image d'un homme volage, toujours au milieu d'aventures galantes. Elle insiste sur ses qualités, plaisant à toutes les femmes, avec un parallélisme : « toutes les dispositions » et « toutes les qualités », qui sont des hyperboles révélant son succès auprès des femmes. Elle emploie donc un vocabulaire de la galanterie, associé à Mr de Nemours : « galanterie, succès heureux, passions, bonheur ». Elle utilise ainsi son passé d'homme courtisé pour imaginer sa conduite future : « vous avez déjà eu plusieurs passions, vous en auriez encore », la virgule (juxtaposition) jouant le rôle d'un lien de conséquence. Le mode verbal qui domine dans son discours est le conditionnel : elle se place dans l'irréel, en imaginant qu'elle perdrait l'amour du duc dans le futur : « auriez, ferais, aurais, serais... »

Elle craint les tourments de la jalousie, qu'elle a déjà vécus, comme elle le rappelle, en évoquant la lettre de Madame de Thémines, adressée en fait au vidame de Chartres. Périphrase hyperbolique « douleur mortelle », « le malheur de la jalousie », hyperbole « de si cruelles peines » associée au verbe « je souffris ». La jalousie est ainsi « le plus grand de tous les maux », périphrase hyperbolique (avec superlatif de supériorité), un mal qu'elle craint et qu'elle utilise comme justification pour renoncer à l'amour.

Elle revient ensuite à sa peur de perdre Monsieur de Nemours : parallélisme « par vanité ou par goût », qui a la même valeur hyperbolique que l'expression « toutes les femmes ». On retrouve ainsi le vocabulaire galant : « attacher, plaisiez, plaire, amoureux, aimé ». Elle réutilise le passé : « vous plaisiez », qu'elle associe à nouveau à un futur hypothétique, comme le révèle le subjonctif : «  ne puissiez plaire ». Elle utilise deux litotes pour exprimer sa certitude que Monsieur de Nemours sera convoité. Il en est de même dans l'expression « je ne me tromperais pas souvent » : la litote révèle sa certitude d'être trompée. On remarque ainsi le polyptote « amoureux et aimé », qui montre la réciprocité des sentiments. Bien que la princesse emploie toujours le conditionnel, elle montre sa certitude d'être délaissée dans l'avenir. La souffrance sera donc la seule issue, comme le suggère la négation restrictive : « je n'aurais d'autre parti à prendre que celui de la souffrance ». Emploi du présent de vérité générale, donnant l'impression d'une maxime, à travers la question rhétorique. Elle oppose ainsi l'attitude d'un amant à celle d'un mari. La négation restrictive «  quand on n'a qu'à lui reprocher de n'avoir plus d'amour » montre sa conception du mariage. Là encore, elle évoque la perte d'amour à travers une périphrase : « cette sorte de malheur ».

III. Le renoncement à l'amour : le devoir du passé (1106 à 1113)

La princesse finit par évoquer la mort de son mari, à travers une question rhétorique. Cette formulation traduit son impossibilité d'oublier que Monsieur de Nemours est responsable de la mort de son mari. Elle utilise un modalisateur, ce qui semble montrer qu'elle utilise cela comme un prétexte : « croire voir toujours Monsieur de Clèves vous accuser de sa mort » Par la même occasion, on peut voir qu'elle n'assume pas cette accusation mais la place dans la bouche de son mari. Elle imagine ainsi les reproches de son défunt mari, avec un parallélisme : « de vous avoir aimé, de vous avoir épousé ».

De plus, la princesse met encore une fois la sincérité et la fidélité du duc à l'épreuve, en comparant son amour avec l'amour que Monsieur de Clèves lui portait, dans l'expression « la différence de son attachement au vôtre », suggérant encore la future trahison du duc.

Cependant, on constate qu'elle n'évoque Monsieur de Clèves qu'à la fin de son argumentation, comme une dernière raison à son refus au duc. Ne serait-ce qu'un prétexte ? Elle conclut donc son discours, en faisant un bilan, et en rappelant les « raisons » de son refus, à savoir la peur de la jalousie, et l'obstacle que constitue encore Monsieur de Clèves. « Il est impossible » et l'injonction « il faut » montrent que sa décision est définitive, comme le révèlent aussi l'adverbe « jamais » (qui clôture notre extrait) et les deux négations présentes dans la dernière phrase.

Notre extrait est la première et dernière scène où les deux personnages évoquent leur amour, puisque la princesse va alors éviter le duc à partir de ce passage : à l'issue de cette conversation, ils ne se parleront et ne se verront jamais plus. La princesse envisage la fin de la passion du duc pour elle de manière certaine. Elle a donc intégré les principes inculqués par sa mère, à savoir l'infidélité des hommes. Elle ne peut croire à un amour sincère et durable de la part d'un homme. On voit que la princesse a une image négative du mariage mais aussi de la nature humaine : peut-être peut-on y voir l'influence du jansénisme sur Madame de Lafayette? En même temps, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un roman précieux : la seule façon de garder son amour intact n'est-il pas de le conserver sous sa forme idéalisée, pure, plutôt que de le réaliser et de l'abîmer ? C'est au XIXème siècle que de nombreux romans traiteront de ces amours éphémères et de ces mariages médiocres qui emprisonnent et déçoivent les femmes comme dans La Femme de Trente ans, de Balzac où Julie d'Aiglemont s'empresse d'épouser un homme qui l'attire fortement sans savoir que cet amour va s'étouffer au bout d'un an et l'enfermer dans un mariage médiocre et insatisfaisant pour le reste de sa vie.
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