I. Un lieu hospitalier et enchanté

A. Les éléments de description laissent entrevoir un lieu marqué par le confort des lieux vastes (« la grande salle », l. 5), désigné dans le texte indifféremment par le terme « palais » (l. 3) ou « château » (l. 15). Le raffinement des jardins répond à celui de l’intérieur du château, avec ses « berceaux de fleurs qui enchantaient la vue » (l. 4-5). Il annonce le raffinement du propriétaire des lieux.

B. Mais il relève également du conte de fées par l’absence apparente de toute présence humaine. Le marchand y voit l’intervention d’une « bonne Fée », (l. 3 et 7) qui pourvoit à son confort et à son accueil, sans se manifester. Ce lieu enchanté relève bien du merveilleux et prépare le marchand, ainsi que le lecteur, à l’arrivée d’un personnage dont la nature n’est pas qu’humaine.

II. Un hôte hybride, homme et animal

A L’hôte se présente tel un monstre. Son apparence « horrible » (l. 12), sa « voix terrible » (l. 14) et son comportement cruel qui va jusqu’à condamner le marchand à mort (l. 16) inspire la crainte. Il exige d’être appelé « la Bête », comme si son identité et donc son humanité s’étaient effacées devant sa brutalité.

B. Pourtant, la nature humaine de la Bête n’échappe pas à un lecteur attentif : loin de vivre dans un antre, il habite un château dont le raffinement a été souligné précédemment. Plus encore, la Bête tient des raisonnements élaborés et exige des relations sociales authentiques. En réalité, on perçoit une convergence de situation entre le marchand et lui, tous deux éloignés des hypocrisies mondaines, l’un dans sa maison de campagne et l’autre dans son château, et désireux de liens d’affection sincères, que l’un possède avec sa fille et que l’autre convoite justement.