Dracula, Coppola, Première séquence

Une séquence : il y a une unité, quelque chose d'autonome, avec un début, un milieu et une fin. Dans cette séquence, il y a des scènes : la scène des adieux, la scène de la bataille, la scène du suicide, la scène du reniement. Une scène : unité de lieu, de temps, d'action etc... Le plan (purement cinématographique) > une suite d'images impressionnées sans discontinuité de prises de vue …

Qu'est-ce que la musique qui ouvre le film annonce ?

Le spectateur sait qu'il s'apprête à regarder un film dans le genre horreur : on s'attend à voir du sang, du mal, de la souffrance de la monstruosité car une certaine inquiétude et une certaine angoisse se dégagent de la musique qui débute le film.

Comment pouvez-vous interpréter les premiers plans sur l'église et notamment sur la croix ?

Il y a un symbolisme : la croix catholique qui au départ, est en haut de ce bâtiment rond, sûrement une église, va être enveloppée de fumée noire, enveloppée par le mal, avant de tomber au sol et d'être détruite par sa chute. Cela représente l'intrigue du film, le renoncement à Dieu : Dieu est d'abord au centre de la vie du comte Dracula. Il est croyant et serviteur de Dieu mais la mort de sa bien-aimée va changer la donne. Il renonce à Dieu, tombe dans le mal et devient Dracula, l'immortel buveur de sang.

Quel est le contexte raconté par la voix off ?

Il y a une menace turque qui arrive vers les pays chrétiens pour les envahir. De la Transylvanie va être envoyé un chevalier roumain de l'ordre sacré du dragon, le comte Vlad Dracula.

Comment apparaît Dracula ?

Mise en avant de son armure rouge, d'un écorché (= dont on a retiré la peau), muscles représentés, casque à la limite du monstrueux etc... > symbolise l'écorché vif, la souffrance, le mal d'amour de Dracula mais aussi le monstre à venir.

Quelle relation entretiennent Dracula et sa femme Elizabeth ?

Ils sont fous amoureux l'un de l'autre : c'est ce qu'indique la voix off et ce que nous montre la scène du baiser : un baiser passionné, rempli d'amour et de crainte, d'inquiétude : Dracula part au combat et sa dulcinée est terrorisée à l'idée qu'il puisse y perdre la vie. Il y a une insistance sur le baiser, avec une alternance des plans sur Dracula puis sur Elizabeth pour insister sur cet échange, sur leur amour et sur l'inquiétude, l'angoisse d'Elizabeth. Dans le cinéma, contrairement au roman, on a pas accès à l'intériorité des personnages. Il faut que l'extériorité symbolise l'intérieur.

Quels commentaires pouvez-vous faire sur la bataille contre les turcs ?

On dirait des ombres chinoises : toute la scène est représentée dans l'ombre et on n'y voit pas le sang. La bataille est mise au second plan car la dimension guerrière n'est pas l'élément important de l'histoire.
On quitte les ombres au moment de la victoire, à ce moment-là Dracula n'est plus dans l'ombre : il y a un gros plan sur son visage au moment où il loue Dieu et lui rend grâce pour cette victoire guerrière. Sa relation avec la religion est mise en avant : Dracula apparaît comme un fidèle serviteur de Dieu.

Après la prière de Dracula, à quoi pense-t-il ? Comment la scène le montre ?

Après la prière, Dracula pense à sa femme. La victoire est là, mais une inquiétude soudaine s'empare de lui. Il doit s'assurer qu'elle va bien. On le voit car le visage d'Elizabeth apparaît dans le ciel, d'une façon un peu floue et transparente, laissant sous-entendre qu'il s'agit des pensées de Dracula, comme une bulle dans une bédée.

Dracula a-t-il raison de s'inquiéter ?

Oui, le plan séquence qui suit nous le montre.
Plan séquence > Toute l'histoire est racontée en une scène : la lettre est arrivée > elle a sauté.

Qu'est-ce que la mort d'Elizabeth entraîne ?

Elizabeth est morte : son corps est disposée assez symboliquement : elle est allongée au pied de la croix catholique , il y a du sang vers sa bouche pour mettre en avant la mort et elle tient dans sa main sa lettre de suicide. Elizabeth est entourée par la présence divine, par la religion : les hommes d'église, on est à l'intérieur d'une église, elle est dans la maison de Dieu.
Dans chaque plan, il y a la présence de Dieu : Dieu est partout, il entoure Dracula, il entoure Elizabeth, il est un élément central dans leur vie. Mais cela va être détourné par Dracula : Dieu devient l'ennemi qui lui a volé sa dulcinée pour l'abandonner. En plus d'être morte, Elizabeth est damnée : Dieu l'a abandonnée.

La mort d'Elizabeth entraîne le reniement. Dracula renie God, il y « renonce ». Il se détourne de Dieu pour devenir Dracula, éternel buveur de sang pactisant avec le diable.

Comment voit-on le passage du chevalier au monstre et le reniement ?

La voix folle, roque, presque monstrueuse de Dracula quand il proclame son reniement.
Il plante son épée dans son nouvel ennemi : la croix de Dieu. Le sang coule alors, représentant la mort de la fidélité chrétienne de Dracula : celui-ci boit le sang, pour devenir vampire en détournant les pratiques chrétiennes : normalement, on boit le vin qui représente le sang du Christ. Dracula boit du véritable sang. On va mettre le sang là où il est porteur > pas pendant le combat, c'est pas important, mais pour représenter la mort d'Elizabetha et au moment où il renie Dieu > quand Dracula devient Dracula. On a du sang là où on n'attend pas du sang et à l'inverse il n'y a pas de sang là où il devrait y en avoir > le combat, en ombres, silhouettes.