Identifier le point de vue

1 a. Le point de vue adopté dans cet extrait est omniscient. Le conditionnel passé « Elle aurait voulu vivre » (l. 3) indique la présence d’un narrateur qui sait tout d’Emma et connaît même ses rêves intimes : « rêva bahuts, salle de gardes et ménestrels ». Les indicateurs temporels « plus tard » (l. 1) ou « dans ce temps-là » (l. 8.) montrent que le narrateur a accès à différentes périodes de la vie de l’héroïne et surplombe donc la scène.

b. La lecture joue un rôle primordial pour le personnage d’Emma qui semble emporté par ses rêves. Les nombreuses énumérations (« bahuts, salle des gardes et ménestrel » l. 2, « Jeanne d’Arc, Héloïse, Agnès  Sorel, la belle Ferronnière et Clémence Isaure » l. 10-12), le lexique médiéval ainsi que les personnages historiques (« Marie Stuart » l. 9, « Jeanne d’Arc » l. 10, « Louis XI » l. 17, « Louis XIV » l. 19) soulignent la différence entre les rêves romanesques d’Emma qui naissent de ces  lectures et sa réalité beaucoup plus triviale. L’utilisation du point de vue omniscient permet à Flaubert de prendre une distance ironique vis-à-vis de son personnage et de son idéalisme excessif.

2 a. Le point de vue interne est utilisé ici : utilisation de la 1re personne du singulier (« je suis reconnaissant » l. 7) ou de la 1re personne du pluriel (« où nous étions » l. 3, « nous le devons » l. 19). Le lecteur ne connaît ici la situation qu’à travers le regard du personnage qui raconte la scène : « La fusée d’alarme de Castellac, peut-être, nous a coûté la vie » (l. 1), ce qui donne une dimension pathétique plus importante.

b. Réécriture avec un point de vue omniscient : La fusée d’alarme de Castellac a coûté la vie à ces hommes. Elle a jailli dans le ciel avec un sifflement de pétard et a dit aux Allemands où se trouvaient Castellac, Messard et Ripoll. Ils n’avaient plus qu’à ajuster le tir, sans se presser même, car elle retombait lentement, comme un galet dans l’océan. La fusée d’alarme les a tués. Mais cette fusée fut aussi leur adieu. Ils mouraient comme des rats, tirés comme du gibier, sans plus de force pour se battre ou même se retourner, juste le réflexe de courir comme une bête face à son prédateur. En tirant cette fusée, Castellac prenait le temps de se retourner, de regarder la meute en face. Ce fut son adieu. Et comme plus aucun d’entre eux n’avait la force de crier, comme aucun hurlement n’aurait couvert le bruit de la mitraille, le faisceau bleu de la fusée qui a fait crisser le ciel dit leur dernier mot. Et cela grâce à Castellac.


Interpréter l’utilisation d’un point de vue

3 a. Point de vue interne : on découvre ici les funérailles d’Atala à travers le regard subjectif de Chactas qui l’aimait : « mon âme » (l.2) « mes larmes » (l.10) ; répétition de « oui » (l.7 et 9). Le point d’exclamation de la ligne 11 ou l’omniprésence du champ lexical des sentiments (« désespoir » l. 2, « pleurs » l.6, « insensible aux discours » l. 12, « consolation » l. 17) marquent aussi les sentiments violents qu’a éprouvés le narrateur et qu’il cherche ici à restituer.

b. Ce texte est caractéristique de la sensibilité du héros romantique, en proie à un désespoir profond face au deuil de sa bien-aimée comme le prouve la présence du registre lyrique, dominant ici. Dans son expression même, Chactas emploie en effet des tournures d’exagération typiques de l’excès du héros romantique :  hyperboles (« il  faudrait plus de chaleur qu’il m’en reste » l.  4, « cette lune […] avant que mes larmes cessent de couler » l. 7-11).

4 a. Le personnage est présenté avec un point de vue externe puisque nous n’avons pas accès à ses pensées et que le regard qui est porté sur le personnage reste extérieur : « On ne connaissait à Phileas Fogg ni femme ni enfants » (l. 1-2). Toutes les informations données par le narrateur restent à la surface du héros et ne donnent des informations que sur ses actes : « déjeunant,  dînant à des heures chronométriquement déterminées » (l. 8-9), « s’il se promenait, c’était invariablement d’un pas égal » (l. 13-14).

b. Le fait de commencer un roman en adoptant un point de vue externe permet à l’auteur d’entretenir le mystère sur le personnage principal sur lequel le lecteur peut faire diverses hypothèses et donc de susciter son intérêt.