JULIE D’AIGLEMONT

Julie est le personnage principal du roman, celle que Balzac appelle «  la femme de trente ans  », même si, née en 1792, elle n’a que 21 ans au début du roman. Jolie, dotée d’un esprit fin et de dons musicaux, c’est une jeune femme gaie, sensible et enjouée. Au début de l’œuvre, elle est amoureuse de Victor d’Aiglemont, un jeune militaire, qu’elle épouse malgré les mises en garde de son père. Mais dès les premiers jours de son mariage, elle déchante et se rend compte que son mari n’est qu’un rustre, intéressé par son seul plaisir. Elle pense un moment que la maternité lui permettra de connaître le bonheur, mais ce n’est finalement pas le cas puisqu’elle voit dans sa fille aînée le reflet d’un mari détesté. Julie sombre alors peu à peu dans la dépression et perd son caractère joyeux. Une romance avec Arthur Ormond Grenville lui fait entrevoir le bonheur, mais le jeune homme meurt pour avoir voulu préserver l’honneur de Julie. De nouveau, elle retombe dans son mutisme et souhaite même se suicider. Cependant, une nouvelle rencontre change à tout jamais sa vie, celle de Charles de Vandenesse, qui lui donnera trois enfants : Charles, qui mourra très jeune, poussé par sa sœur Hélène dans une rivière ; Abel, qui mourra à la guerre ; Moïna, qui aura une liaison avec le fils légitime de Charles, Alfred, son demi-frère. Avec la liaison entretenue avec Charles, Julie semble reprendre goût à la vie. Mais, lorsqu’elle apprend la relation de Moïna et Alfred, elle est horrifiée et tente d’expliquer à sa fille la parenté qui la lie à Alfred, en refusant toutefois de lui révéler la stricte vérité. Elle meurt de désespoir de ne pas être écoutée. On assiste donc, tout au long du roman, à la vie de Julie, de ses 21 ans à ses 50 ans. C’est une vie triste, une suite de désillusions et d’insatisfactions, qui n’est pas sans rappeler celle d’Emma Bovary, l’héroïne de Flaubert (romancier français, 1821-1880), un autre personnage insatisfait de la littérature française.

VICTOR D’AIGLEMONT

Né en 1783, il est colonel dans l’armée napoléonienne lorsqu’il épouse Julie. Brutal, sans esprit, voire stupide, il rend sa jeune épouse malheureuse par la brutalité dont il fait preuve lors de leurs rapports sexuels et par ses liaisons avec plusieurs femmes en vue de la société parisienne. Il réussit à conserver sa place dans l’armée à la Restauration, mais davantage grâce à l’intelligence de Julie que par sa valeur personnelle. C’est un homme sans consistance, presque transparent. Julie le déteste et la comtesse de Listomère Landon le méprise presque. La seule personne de la famille à lui vouer un amour sans faille est sa fille Hélène.

ARTHUR ORMOND GRENVILLE

Jeune lord anglais envoyé en France pour se soigner d’une maladie de poitrine, il devient médecin. Il rencontre par hasard Julie et son mari à Tours, et n’aura de cesse d’être présenté à la jeune femme dont il deviendra par la suite le médecin personnel. Leur amour ne sera jamais consommé physiquement et il mourra de froid en se cachant de Victor pour préserver l’honneur de Julie. C’est un homme droit, réellement attaché à Julie, mais de faible constitution physique, ce qui cause sa mort.

CHARLES DE VANDENESSE

Diplomate, il rencontre Julie dans un salon parisien et tombe aussitôt sous son charme. Une idylle se noue rapidement, dont naîtront trois enfants, officiellement considérés comme ceux de Victor d’Aiglemont. Il se mariera de son côté, mais son amour pour Julie ne se démentira jamais et il restera très proche d’elle jusqu’à la fin du roman.

HÉLÈNE D’AIGLEMONT

Née en 1817, c’est la fille aînée du couple d’Aiglemont. C’est une enfant brune aux yeux foncés qui ressemble physiquement à son père, ce qui renforce l’attitude de rejet de Julie, qui voit en elle le portrait d’un mari détesté. Très vite, Hélène se rend compte que sa mère ne l’aime pas. Elle souffre psychologiquement, et elle est renfrognée et jalouse de son petit frère Charles, adoré par sa mère car il n’est pas l’enfant de son mari, mais de son amant. Julie paiera bien cher son adultère puisqu’Hélène pousse Charles dans une rivière où il se noie. La tension qui existe entre la mère et la fille ne s’apaise pas avec les années. Hélène se sait responsable de la mort de son frère et en souffre, même si elle n’en parle pas. Cherchant à se punir pour ce crime, elle décide de s’enfuir avec le meurtrier qui demanda un bref asile un soir à ses parents. Elle part donc vivre avec un parfait inconnu qui se révèle être un pirate. Elle l’épouse et vit très heureuse pendant plusieurs années avant de périr des suites d’un naufrage. C’est l’exemple-type de l’enfant mal-aimé qui est victime des choix des adultes et qui se retrouve entraîne malgré lui dans des situations qui ne sont pas de son âge. Hélène est la victime collatérale de la liaison de sa mère avec Charles de Vandenesse.

MOÏNA

Elle est la dernière fille de Julie et de Victor, au moins officiellement puisque son véritable père est Charles de Vandenesse. Gâtée par sa mère durant son enfance, elle reste capricieuse en grandissant. À la fin du roman, c’est le seul enfant encore vivant de Julie, sur les cinq que cette dernière a mis au monde. Elle lui lègue donc tout ce qu’elle possède, jusqu’à son hôtel particulier, et la marie avec le fils d’une riche famille. Pourtant, Moïna semble n’avoir aucun attachement envers sa mère : elle se moque d’elle et refuse de la recevoir. Par ailleurs, la jeune femme entretient une liaison avec Alfred de Vandenesse, son demi-frère. Julie cherche à le lui faire comprendre, mais Moïna ne l’écoute pas et la chasse presque de ses appartements. C’est ce dernier choc qui coute la vie à Julie. Moïna semble enfin ouvrir les yeux à la toute fin du roman, lorsque sa mère vient de mourir et qu’elle a ces paroles, bouleversée : «  J’ai perdu ma mère !  »